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Littérature (tasekla) Faites-nous partager vos écrits, vos lectures, vos auteurs favoris, les passages qui vous ont marqué.... |
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#1
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Jean El Mouhoub Amrouche
Je parle ici, non pas en homme de la rue, mais en homme qui se trouve moralement à la rue. Je veux dire que je ne représente rien. Je ne peux représenter la France et la culture française : on m'en contesterait le droit, et on l'a déjà fait. Je ne peux pas représenter non plus l'Algérie : on m'en contesterait le droit, et on l'a déjà fait, et ceux qui l'ont fait sont des hommes de gauche, et même d'extrême gauche, qui m'ont dit que je n'avais pas le droit de parler des choses de la France, parce que je n'étais qu'un Algérien, mais que je n'avais pas le droit de parler des choses de l'Algérie, et au nom des Algériens puisque je suis un Algérien francisé, le plus francisé des Algériens.
J. Amrouche |
#2
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Ma jeunesse éclatera sur le monde des ombres
Et tous les coeurs éteints Ranimés par mon cri Sous la violence d'un amour de feu S'ouvriront au soleil Et par la Terre humaine, à flots Roulera le sang vermeil du Grand Amour. J. Amrouche |
#3
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Tout meurt
Tout se dissout Pour que naisse la Vie Toute image de nous est image de mort Mais aussi toute mort est un gage de Vie. Jean Amrouche |
#4
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Pour une ombre morte
Maintenant que tu n'es plus, en vérité, je peux parler. J'aimais ton visage de chair, avec son innocence lumineuse, et cette angoisse, au fond des yeux. J'aimais ta voix ; - tes silences ; - et la pudeur qui rougissait tes joues quand les effleuraient mon désir. Voici que tu es mort, que ton ombre même est morte, et il n'est plus de mensonge possible. Toi vivant, je voulais à cause de mon amour, être l'image de ton désir, et la réponse, unique, à ton angoisse. Dans la crainte de me montrer nu, je me tenais devant toi, paré comme un acteur. Tu es mort. Mon amour repose. Autour de moi, les masques jonchent la terre. Seul, je poursuis la partie que tu as gagnée - ou perdue ? - parce que tu m'as laissé ta lumière. Comme je l'ai gardée en moi, je veux que d'autres la connaissent. Je veux te chanter, pour que ta gloire dont seul je fus témoin, déferle en toutes les âmes, et que chacun soit, de ta vérité, le tabernacle. Jean Amrouche Né le 6 février 1906 Décédé le 16 avril 1962 |
#5
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J'ai dit ma peine à qui n'a pas souffert
et il s'est ri de moi. J'ai dit ma peine à qui a souffert et il s'est penché vers moi. Ses larmes ont coulé avant mes larmes. Il avait le coeur blessé. Mes pleurs coulaient parmi vos rires : Ma blessure saignait en moi seul. Ma maison est pour moi une bête féroce, Et sans repos j'erre par les routes. Je t'en prie, ô maître des cieux, Aplanis les chemins sous mes pas. J'ai versé tant de larmes et vous n'avez pas pleuré... J'ai compris : je vous suis étranger. J'ai plongé dans la mer à la nage: Le vent du nord s'avançait vers moi, Le brouillard engloutit les rochers... Ô, si vous avez des yeux, Que vos yeux s'emplissent de larmes ! Jean Amrouche |
#6
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Pauvre affamé nu il est riche malgré tout de son nom
d’une patrie terrestre sans domaine et d’un trésor de fables et d’images que la langue des aïeux porte en son flux comme un fleuve porte la vie... J. Amrouche |
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