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#1
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Album : Raconte-moi une histoire (Siwel-iyi-d tamacahutt) [FR]
Raconte-moi une histoire
Raconte-moi une histoire, mais prends bien garde, même si elle attriste, qu’elle finisse bien. Raconte-moi l’histoire du temps où les jours, de concert avec les nuits, étaient en symbiose. Raconte-moi l’époque où les astres étaient les gardiens bienveillants de ceux qui étaient bons et sincères. Raconte-moi une histoire… Raconte-moi l’histoire de ceux… Comment était-ce déjà ? De ce garçon et de cette fille qui s‘aimaient tant. Raconte-moi à propos de ce qui advînt d’eux, et qui était cet ennemi qui vînt les séparer. Ils se disputèrent, se séparèrent après s’être disputés, se languirent l’un de l’autre, puis s’unirent à nouveau. Raconte-moi une histoire… Raconte-moi l’histoire de l’oiseau dans son nid. Lui et ses petits vivaient sur un arbre. Lorsque l’un d’entre eux tombât, le loup (chacal) était aux aguets, son père, bien qu’angoissé, ne pouvait rien faire. Un ange assistant à la scène, en lion, le transformât. Après avoir sauvé son fils il redevînt tel qu’il était. Raconte-moi une histoire… L’autre histoire, celle de l’ogre lorsqu’il enlevât le garçon et la fille et les emmenât… Lorsqu’il arrivât à destination, de fatigue, il s’endormit. Eux, en cachette, se levèrent, et fuirent jusqu’à lui échapper. A son réveil, l’ogre les poursuivit, il tombât alors dans un piège et c’est lui qui fût emprisonné Raconte-moi une histoire… Mais avant de te raconter, attend que je te dise, que tu saches comment je suis. Que tu saches qui je suis. Il n’y a ni ogre, ni chacal, ni monstre d’aucune sorte qui puisse me surpasser. Les monstres qui existent, pour ceux qui savent, me ressemblent, ou même j’en fais partie. Je vais te raconter, ce que j’ai fait aujourd’hui… Je vais te raconter : aujourd’hui, lorsque m’ont fait appel ceux qui me commandent dans ce que je fais. Ils m’ont désigné quelqu’un de ceux qu’ils haïssent, et m’ont chargé de m’occuper de lui. Et lorsque, le pauvre, je l’ai abattu de deux balles, lui ne me connaissait pas, moi je ne le connaissais pas. Raconte-moi une histoire… Traduction : Rabah Mezouane |
#2
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APPELS
(Asiwel) Ô ceux qui vénèrent la réflexion répondez à notre appel. Nous avons perdu nos repères. Qui met la déroute dans nos tâches ? La déroute vient des perturbateurs que vous a assigné l’époque. Vous, prisonnier de l’époque. Eux, assassins du bon sens. Ô ceux qui ont puisé aux sources, qui voient sans l’aide des yeux. Montrez-nous, dans la conduite du jeu, l’avancée qui nous sauvera. Lorsque vous avancez d’un jour, vous reculez de deux. Puisque vous jouez seulement à un jeu institué par d’autres. Ô ceux qui vénèrent la vérité, montrez-nous, nous manquons de jugement. Dites-nous si nos rets s’ouvriront. De tous côtés nous guettons la délivrance. Pour vous libérez de vos entraves, ayez le courage de trancher la main. Cette main que vous adulez, sans le savoir, vous tient prisonniers. Ô ceux qui vénèrent l’humilité et laissent la suffisance aux ignares. Ôtez le panache à l’indigne, offrez-le au méritant. Peut-être verrons nous le jour où notre bien nous sera restitué. Sur le point de sombrer, à votre souvenir, nous nous redressons. Traduction : Rabah Mezouane |
#3
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Le Poète
(Amedyaz) Le poète s’est mis à écrire un beau poème où il disait : l’honnêteté déserte les gens. Il n’y en a plus un pour racheter l’autre. Mais si vous posez la question, chacun se prétendra si parfait qu’il vous en rendra heureux. Quand à moi je cherche, sans trouver où il se cache, l’homme honnête. Ceux qui ont écouté le poème se sont indignés, et ont exigé du poète qu’il se refasse. Le poète se remit à écrire, refaisant le poème où il dit : nous ne savons où aller. Les portes sont en fer ; dés que nous en ouvrons une, deux se referment. nous sommes nés à la mauvaise époque. Le méritons nous ? Aucune aberration ne nous épargnés. Même les mots perdent leur sens. Nous sommes brisés par le trouble. Nous souffrons. Femmes, venez à notre secours ! Ceux qui ont écouté le poème se sont indignés, et ont exigé du poète qu’il le refasse. Le poète se remit à écrire, refaisant le poème où il dit : on ne sait si on est en guerre, si on est en paix, qui frappe et qui est frappé. Lorsqu’il n’y a plus d’entente, nul ne reconnaît l’autre. C’est la force qui intervient ; les fusils de tous côtés et nous au beau milieu avec nos mains vides. Ceux qui ont écouté le poème se sont indignés, et ont exigé du poète qu’il le refasse. Le poète se remit à écrire, refaisant le poème où il dit : Nous désignons ceux qui nous gouvernement, mais si notre jugement était juste nous dirions : « nous méritons nos gouvernants » C’est nous qui laissons le champ libre à toutes leurs fantaisies, méritant ainsi les coups qui en résultent. Bien fait, nous avons le tort d’avoir donné à celui qui nous frappe un bon bâton. Ceux qui ont écouté le poème se sont indignés, et ont exigé du poète qu’il le refasse. Le poète se fâchant, jeta au loin tous ses poèmes. Pour avoir la paix il se mit à faire de nouveaux poèmes, où il dit : Les jours sont heureux, les gens sont bons, vous seriez comblés pour moins que ça. Les fleurs sont écloses tous le monde fait la fête, chauffe le tambour Alilouche ! Les gens sont honnêtes nous l’avons toujours dit. Le mauvais sujet n'a pas sa place en ce monde. Tout est pour le mieux, chauffe le tambour Alilouche ! Toujours debout, équilibrés nous vainquons toute aberration. Qu’une porte de fer se referme nous en ouvrons deux. Nous méritons tout bien entrez dans la danse, femmes ! Chez nous, nul n’agresse l’autre, nous sommes tous frères. Préparez la fête nous nous réjouissons de la paix, chargez nous les fusils Vous qui nous gouvernez, venez vous réjouir avec nous il se sont si fatigués à travailler pour nous. Aujourd’hui, heureux, ils s’éclateront parmi nous ! Traduction : Lounis et Rabah Mezouane |
#4
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L'année
(Asegwas) Ceux érudits, qui comptent et qui calculent dites-nous tout de ce qui nous attend, nul ne sait ce qui est à venir ; victimes du passé, nous redoutons l’avenir ceux qui savent, qui dénouent toute intrigue, le lendemain des jours comment le ressentez-vous ? nul ne sait ce qui reste à venir ; leurs dits acceptés, nous craignons le pire ceux qui la nuit ne dorment et qui rêvent le jour, demandez aux astres s’ils ont la réponse, nul ne sait ce qui reste à venir ; à ce qu’ils ont inventés, qu’ajouteront-ils encore ? ceux qui écoutent, et consignent par écrit nous leur avons demandé pourquoi écrivent-ils ? «parce que, répondirent-ils, ceux qui pleurent, et se souviennent aujourd’hui, risquent demain d’oublier» voyez comment nous engloutit ce vide que nous avons cultivé lorsque décidés à raisonner l’insensé nous l’espérions comme allié ayant mis nos échecs au fond d’un puits nous avions pris un couvercle le soustrayant à la vue les croyants neutralisés ils croissaient dans l’ombre le couvercle finit par céder et le malheur se déversera emportant tout sur son passage détruisant le bien et consacrant le mal voyez ce que peut faire l’ignorance lorsqu’elle côtoie le savoir elle y introduira de mauvais préceptes insinuera le doute dans le silence l’ignorance grandit et se pare d’une écorce la soustrayant au regard lorsque l’écorce éclata surgit l’objet de toutes nos peurs si nous ne saurons l’éviter nous lui succomberons et elle nous emportera ô ancêtres de ce pays nous savons que vous ne nous voyez pas nous vous invoquons sans savoir si vous avez été bon ou pas nous vous demandons des solutions que vous n’avez sûrement pas de légendes, nous voulons faire des réalités afin que ce qui n’a pas été soit il y a du bon en nous que votre souvenir réveillera à propos de quoi discutent les gens si ce n’est sur l’année nouvelle disant que cette année sera bonne meilleure que celle à venir au train où vont les choses restera-t-il des gens pour pleurer ? nous en verrons encore d’autres si notre vie est assez longue le ruisseau insignifiants s’est trouvé une rivière complice la grande vague qui en est sortie a emporté tout imprudent celui-ci par traitrise celui-là, épargné, récoltera matière à raconter comment ceux qui aiment la patrie, pourront-ils fermer les yeux ? l’année s’en va une autre s’annonce par le vent que nous amènera ce vent ? quelles nouveautés drainera-t-il ? alors que nous le croyons venu balayer il ne nous rajoute que poussière le vent nous connaît, nous, qui aimons la poudre aux yeux l’annonce s’annonce par ma faim ce n’est pas de patience que nous manquons contre la démangeaison, le pire remède, c’est de se gratter continuellement, ainsi nous avançons vers le mal qui nous frappe quand atteindrons-nous, la limite ? s’exiler n’est pas la solution, rester n’est pas l’idéal, chacun a accepté l’exil sauf toi, l’entêté, chacun a suivi le mouvement toi, tu t’accroches aux ronces en disant : « comment pourrais-je être plus important que ceux qui restent ? » cet honneur de malheur qui ne se condamne, ni ne se contrôle ! le manque de force avec honneur arrive à briser des chaînes même les débuts sont difficiles la difficulté y ajoutera la force mais la mauvaise fraternité est telle une lame se détachant du manche si elle t’échappe elle se retournera contre toi la mauvaise fraternité est telle l’ivraie qui suit tout grain telle cette horloge parfaite on brise une dent d’un rouage ; elle s’arrête telles ces mains dont l’une fait diversion et l’autre délivre l’illusion mauvais frères incapables de bien bien qui les fuit dès qu’ils s’en approchent nous écoutons les gens dire : «nul ne se préoccupe du pays ceux en lesquels nous avons cru chacun s’occupe de sa chapelle dieu qui veille sur ce pays, n’accepte pas sa mort » s’il ne nous reste que le recours à Dieu, c’est que la blessure est trop profonde… Extrait du livret |
#5
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Où irons-nous ?
(Sani a nṛuḥ ?) La brume enveloppe Tamgut comme elle enveloppe les cœurs. Vous auriez beau enraciner l’être, des ailes lui pousseront. Si tu oublies l’image du pays, elle viendra te visiter en songe. Venez avec nous. Partons. La brume enveloppe Taletat comme si on la voyait en rêve. Le vieux, secouant le pan de son burnous, lentement, regagne sa demeure. Vois, comme il attend chaque jour, espérant le retour de son fils. Venez avec nous. Partons. A l’homme dépourvu de vérité, à quoi servirait un serment ? Le grain quittant le tas, ne nourrira que les bêtes. L’aigle dépourvu de sa montagne ne sera plus que simple oiseau. Venez avec nous. Partons. Depuis toujours nous partons. Où que nous allions, c’est au pays que nous reviendrons, lorsque l’âme s’attristera. C’est tout ce que nous possédons, où voudriez-vous qu’on aille ? Quelle langue n’avez-vous déjà parlé ? Quel lieu n’avez-vous déjà foulé ? Et arrivera le moment où l’exil ne sera plus que songe, lorsque la montagne vous rappellera, vous reviendrez chez vous. Depuis toujours nous partons. Où que nous allions, c’est au pays que nous reviendrons, lorsque l’âme s’attristera. C’est tout ce que nous possédons, où voudriez-vous qu’on aille ? Vous avez sillonné l’est, l’ouest, par les routes, par les mers. Vous vous êtes réjouis, vous avez peiné, connu opulence et misère. Si quelqu’un se brise les ailes et joue de malchance, il sait où trouver refuge, la montagne le préservera. Depuis toujours nous partons. Où que nous allions, c’est au pays que nous reviendrons, lorsque l’âme s’attristera. C’est tout ce que nous possédons, où voudriez-vous qu’on aille ? Chaque ciel vous a vu passer. Existe-t-il une contrée que vous ayez négligée ? Mais arrivera le moment, repus ou lassés, cette magie vous rappellera et vous ramènera chez vous. Depuis toujours nous partons. Où que nous allions, c’est au pays que nous reviendrons, lorsque l’âme s’attristera. C’est tout ce que nous possédons, où voudriez-vous qu’on aille ? Les souvenirs d’enfance, que vous avez laissés, constituent le fil qui vous ramènera. Et lorsque vous reviendrez, vous, vieillis, vous raconterez votre vécu à ceux qui partiront. Depuis toujours nous partons. Où que nous allions, c’est au pays que nous reviendrons, lorsque l’âme s’attristera. C’est tout ce que nous possédons, où voudriez-vous qu’on aille ? Traduction : Rabah Mezouane (?) |
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