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#1
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Album : Le voyageur de nuit (Imminig g-iḍ) [FR]
LE VOYAGEUR DE NUIT
Si tu sais ton chemin, si tu distingues le but de ta route, ferme soigneusement la porte derrière toi, tu ne te retourneras ni ne te lamenteras, entends tes pas qui résonnent dans l'obscurité, tu sauras en ressentir le bruit, la peur sera ta compagne, domine-la ou sinon incline-toi, la voie en qui tu as cru un jour, te guidera ou te trahira, quatre-vingt dix neuf balles sifflent dans l'air, la centième t'attend au tournant, voyageur de nuit. Si la tourmente t'épargne, si elle te laisse aller jusqu'au bout, donne-leur de nos nouvelles, parle-leur de notre piètre quotidien, un genou est déjà à terre, attendant la décision de l'autre, le temps passe et nous ne savons, s'il se relèvera ou accompagnera l'autre dans son geste, prends garde au lever du jour, qui risque de t'être fatal, quatre-vingt dix neuf balles sifflent dans l'air, la centième t'attend au tournant, voyageur de nuit. Si tu arrives à destination, dis-leur, que tout a été calculé, les saints nous entendent, mais refusent de nous répondre, nous attendons toujours, le retour de leur bénédiction, jusqu'à ce que les bras nous en tombent, nous nous interdisons toute riposte, dis-leur que l'espoir est malade, Sad si cela continue ainsi, il nous oubliera, quatre-vingt dix neuf balles sifflent dans l'air, la centième t'attend au tournant, voyageur de nuit. Au point du jour, la tourmente t'a effectivement emporté, la voix de la paix s'est éteinte, nul ne prendra connaissance de ton message, tu es né un soir, et tu n'auras vécu qu'une nuit, les ténèbres ont avalé ton nom, tu es mort sans avoir vu le soleil, tu es tombé au lever de l'aube, l'espoir est loin derrière toi, quatre-vingt dix neuf balles sifflent dans l'air, la centième s'est perdue en toi, voyageur de nuit. Traduction : Rabah MEZOUANE |
#2
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La Fuite
(Tarewla) Où êtes-vous allés rêves ? Au pays du songe. Vous craignez de revenir Au pays qui hait la vie Je vous enverrai l’espoir Il sera caution et réconfort Il vous débarrassera des larmes Une offre que vous ne pouvez refuser Nous vous rétablirons dans vos droits Nous aménagerons vos nuits Sinon les jours n’en seront que plus amers Et nous ne pourrons les supporter Où t’es-tu envolé espoir ? Au pays du songe. Tu redoutes de revenir Au pays qui hait la vie Je te délègue la jeunesse Nous te remettons en toute confiance Dès que vous croiserez vos regards Tu la prendras en sympathie Ne serait-ce qu’au nom du Divin Sachant que tu ne nous aimes point Reviens au nom de la jeunesse Qui elle n’est coupable en rien Vers où as-tu fugué, jeunesse ? Au pays du songe. Tu crains par-dessus tout De revenir au pays haïssant la vie Je t’enverrai le rire Qui viendra vers toi en gage de confiance Illumine son visage par un sourire Débarrasse-toi de toute angoisse Même si nous ne te connaissons pas Nous avons été nourris au même sein de la contrainte Nous te voulons aujourd’hui pour nos enfants Pour qu’ils réapprennent à espérer Où t’a-t-on relégué le rire ? Au pays du songe. Tu paniques à l’idée de revenir Dans un pays qui hait la vie Nous t’enverrons la paix Que tu recevras comme un cadeau Sa présence à tes côtés nous rassure Et autorise l’espoir de ton retour Tu es le plus efficace des remèdes Ton absence ne nous a que trop chagrinés Sans toi, on ressent un tel manque Que tout nous paraît bien fade Mais où es-tu donc la paix ? Au pays du song. Tu crains par-dessus tout un retour Au pays qui hait la vie Nous t’enverrons la sagesse Comme garantie de nos bonnes intentions Peut-être en te lançant un appel Te décideras-tu à rentrer Nous te voulons à nos côtés Tu es si chère à nos cœurs Ne te mets pas sur le même plan Que ceux qui ont perdu leurs repères D’où viens-tu, terreur ? Du pays du songe. Tu as beau avoir changé d’aspect Ton vieux visage nous reste familier Les larmes et les sanglots hoqueteux Font partie de ton univers Nous ne te connaissons pas d’aujourd’hui Tu nous a toujours perturbé l’existence Tu as effrayé la sagesse, depuis en exil, Craignant qu’elle ne fasse régner la paix Tu as fait fuir la jeunesse et le rire En compagnie de l’espoir. Traduction : Rabah Mezouane |
#3
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La Cause
(Sebba) Les rêves se mirent à parler : Nous allons te quitter, sommeil De ceux aux cœurs purs Nous allons t’abandonner, sommeil Pour une période indéterminée Nous ne supportons plus les nuits De ceux qui poussent à la violence Nous ne pouvons endurer des nuits Peuplées de fer et de feu La volonté de nuire les habitent jusque dans l’os Leurs langues sont chargées de mauvaises intentions Et leurs propos contiennent au venin La jeunesse a pris la parole : Je m’en vais te quitter, maison Où on a été jusqu'à à miner mon berceau Je m’en vais te quitter, maison Où on a remplacé mes langues par les chaînes Ma place n’est pas parmi Ceux qui étouffent les voix de l’enfant Ma place n’est nullement parmi Ceux qui ont troqué la vie contre la mort La paix les a désertés La cupidité l’a remplacée Et ils la distribuent en guise de nourriture L’espoir s’est levé pour dire : Moi aussi, je vais t’abandonner, pays Ma part du destin s’achève J’ai déroulé le fil Dont je suivrai l’aboutissement Je n’ai plus aucune compassion Pour ceux qui ont érigé l’adversité en système Ceux à qui on a supprimé les entraves Et qui à présent les recherchent Dès que parais pour qu’ils me voient Ils se coalisent pour me briser Je doute qu’un jour ils puissent comprendre Le rire s’est exprimé à son tour : Je disparaîtrai des visages Et des cœurs où j’avais coutume de résider Je m’effacerai des bouches Où je ne m’incrusterai plus jamais Je vous laisserai en face des yeux Dont le regard fait chuter Je vous laisserai en face des yeux Qui vous fusilleront du regard Les joyeux monuments ne sont plus que souvenirs Depuis qu’ils ont associé leurs adversités Le bon sens n’est plus de mise La paix demande la parole : Je suis contrainte de t’abandonner, pays Pour qui j’ai l’âme en peine Ils m’aiment en me comparent à une perdrix Belle quand je leur sers de festin Je m’en vais te laisser entre les mains De ceux qui t’ont ôte toute valeur Je m’en vais te laisser entre les mains Qui détruisent sans répit Je m’en vais te laisser en leur compagnie Sois habile, retourne-toi sur eux Et rends sa majesté au verbe La sagesse avance ses arguments : Je vous fais mes adieux, ô sages Qui ont fait preuve de prémonition Je m’en vais te laisser terre des aïeux A des perturbateurs qui sèment le vent Aucune logique n’est possible Avec ceux qui brassent du néant Aucune logique n’est possible Je leur ai retiré mon apport Aucune logique n’est possible Raccommodée, ils la défont Et, regrettant, ils suivent mon ombre Traduction : Rabah Mezouane |
#4
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Assemblages
(Tarbaεt) Nous avons chanté les étoiles, las, elles sont hors de portée Nous avons chanté la liberté, elle s’avère aussi loin que les étoiles Nous ne voyons que le Beau, même s’il n’existe que dans les rêves, Ceux qui nous ont aperçus, nous ont rejoints dans nos rêves. Jusqu’à en oublier ce dont nous rêvions ; esprit, il ne te reste plus que les larmes. Pensez à la paix Rétablissez-la avant qu’elle ne s’évanouisse Le poids des tracasseries Vous l’avez porté sur vos frêles épaules Vieux sages ! Puisez dans votre jeunesse Pour nous expliquer Pourquoi sommes-nous toujours sous le joug Si j’entonne un chant Un poème m’interpellera L’esprit attend L’avènement de la fête du verbe Chaque sanglot Sera personnifié par un mot Mas dès que je commence Vous dites : il n’est pas encore temps Combien est agréable la lumière Les langues vous le diront Créez l’instant Où elle sera douce à l’œil Ce jour-la, vous apprécierez La situation que vous vivez Et vous soupirerez : Que de temps perdu La fraternité que vous n’avez plus Rangez-la dans vos rêves Naïfs ! Faites le lit de l’intrus Offrez-lui une assise Et il se transformera en gardien du temple Sacrifiez-vous pour lui Profitez d’une joie éphémère avant de connaître la peine Avec l’or du silence Tu achèteras les mots Choisi l’instant Et gare à la langue qui fourche Nous achèterons le mot A condition d’en estimer la valeur Ainsi le silence Deviendra son allié Pleure tes origines Pour mieux les évoquer Le détenteur de la tradition A été assassiné à ton insu Songe à l’amnésie De ceux qui ont oublié la mort Conserve par écrit Les récits de tes aïeux Nous avons préparé le viatique De la paix qu’on n’a pas su retenir Depuis qu’ils se l’ont appropriée Nous réalisons le vide laissé Nous avons déprécie sa valeur Et nous en sommes à souhaiter son retour Le flot du conflit l’a emportée C’est lui qui a ramènera Tout a commencé par un conflit Ouvrant la voie au pillage Il faut s’imposer par le fer Puisqu’il faut détruire pour reconstruire Les apprentis-sorciers Ont choisis le labour avec un chameau Ils tracent le bon sillon au départ Et le détruisent au retour Apprécie à sa juste valeur et respect la vie Fais en sorte Qu’elle ait de bons côtés L’ignorant qui fait fi de l’émulation On dit de lui : il n’a plus sa part dans l’existence. Traduction : Rabah Mezouane |
#5
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Fils d’Amazigh
(Mmis Umaziγ) Fils d’Amazigh Notre soleil s’est levé Il y a bien longtemps que je ne l’ai vu Notre tour enfin arrivé L’épervier en jaillissant de la montagne A secoué le feuillage Il s’est manifesté pour vous réveiller Il saura prononcer le nom qui éveillera vos consciences Il ranimera le mot que vous avez oublié Même si tu dors, il t’apparaîtra A travers tes paupières closes Et tu les ouvriras quand il t’interpellera : Fils d’Amazigh… Chemine à travers des routes qui dispensent le savoir Tout ce que tu contemples t’observe aussi Le genêt aux fleurs jaunes, dans ton champ de vision, Contribue à embellir le paysage de ton pays Et lors de ton passage, il t’accroche Pour attirer ton attention et l’entendre te dire : Fils d’Amazigh… Figuier et olivier abritent des trésors de poésie Ils portent en eux l’esprit de nos racines Profite de leurs connaissances même si chacun a sa propre version Ils sont indissociables aujourd’hui comme hier Quand le rameau d’olivier se penchera vers toi Savoure le moment où il te murmurera : Fils d’Amazigh Si tu compris le message, ouvre les yeux Regarde sur les côtés, tu y verras tes frères et eux aussi te verront Allez, joignez vos mains séparées par le temps Ainsi, aucun obstacle ne sera insurmontable Le souffle de la fraternité viendra vous caresser Et vous dira d’un ton persuasif : Enfants d’Amazigh… Traduction : Rabah Mezouane |
#6
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Nous reviendrons
(A d-nuγal) Nous reviendrons avec une mémoire épurée Et en hommage à toutes les victimes Nous verserons la larme de circonstance Tout en déposant une gerbe de fleurs *** Si on te dit : il a fui Réponds-leur : il se préserve pour l’avenir S’il reste, il sera piégé Il tombera dans l’anonymat Nous serons parmi vous Une fois la tragédie évacuée Si nous demeurons à vos côtés Nous risquons de nous engluer dans le bourbier Un de ces jours, nous reviendrons Si nous nous souviendrons au moment de dormir Il n’est guère impossible Qu’au réveil, tout puisse s’effacer Si on te dit : il a fui Réponds-leur : il se préserve pour l’avenir S’il reste, il sera piégé Il tombera dans l’anonymat Nous serons parmi vous ... Qu’au réveil, tout puisse s’effacer Si les gens te disent : c’est un fuyard Réplique-leur : il combat de loin Rester équivalent à se sacrifier Ainsi, vous direz : il n’a eu que ce qu’il méritait Nous serons parmi vous ... Qu’au réveil, tout puisse s’effacer Mais ne nous laissons pas abattre De la confusion peut jaillir la clarté Si nous croyons au remède du temps Peut-être les lendemains chanteront-ils Nous serons parmi vous ... Qu’au réveil, tout puisse s’effacer Nous reviendrons avec une mémoire épurée Et en hommage à toutes les victimes Nous verserons la larme de circonstance Tout en déposant une gerbe de fleurs Nous serons parmi vous ... Qu’au réveil, tout puisse s’effacer *** Vous n’êtes pas partis pour gagner votre pain Vous n’avez pas été contraints à l’exil Vous avez légué le pays à ceux qui le malmènent Vous avez délégué les soucis à ceux qui les assument Tel est parti la valise à la main Tel autre, las, a abandonné même ses enfants Un autre a déserté sans raison « A ya barwaq » Le temps presse Le moment de la séparation est venu Qui d’entre nous déteste le miel Mais combien oseront braver le dard de l’abeille, Ne se risquera à retirer la broche d’argent su brasier Que la main qui accepte de s’exposer à la brûlure La rose est meilleure sans épines Le pays est meilleur sans soucis Celui qui le déserte, considère qu’il est éveillé « A ya barwaq »* Le temps presse Le moment de la séparation est venu Tel a expliqué ainsi son départ : "Je suis précieux, le monde tourne autour de mon nombril" En plus de nous donner des leçons Il se targue de s’enrichir sur le malheur des autres Le courage se passe d’ostentation Si tu ne le possèdes pas de naissance Ce n’est pas dans un souk que tu l’achèteras « A ya barwaq » Le temps presse Le moment de la séparation est venu Untel a décidé de résister Pour soigner son pays malade Un autre a choisi de s’expatrier En attendant son éventuelle guérison Qui a raison et qui a tort C’est juste histoire d’en parler Au fond, à chacun de prendre ses responsabilités. « A ya barwaq » Le temps presse Le moment de la séparation est venu Traduction : R. Mezouane |
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