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#1
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Album : Trois jours (Telt yam) - [FR]
Ton firmament
(Igennim) Que mes os de leur moelle se vident moelle chassée par le chagrin je le jure sur ceux qui vous ont conduit ici ! je suis tel un coteau de rivière emporté par un éboulement que les eaux entraîneraient vers l’amont ton ciel enfievré demeure incompréhensible soudain couvert d’un voile retenant lumière et pluie incertain et douteux il empêche le soleil de paraître tu dis «non» quand je dis «oui» ne sachant toujours pas qui de nous deux a raison, sur ton cœur de silex je souhaite poser une mine pour qu’enfin il explose si mon endurance porte son fruit qu’est-il advenu ? voyons comment sont allées les choses. si tu as bien perçu mes paroles pourras-tu me les répéter j’ai échangé de l’or pour de la férule. puisque le vent t’a ramenée et près de moi t’a déposée j’ai pris un louis pour obole. rapporte des bruyères pour bien nettoyer mon cœur de biens vils mots tu l’allègeras mes efforts sont restés vains même si l’honneur me commande incertains me paraissent les chemins. je crains le lever du jour malgré moi je frissonne de ce qu’affrontent mes yeux… que mes os de leur moelle se vident moelle chassée par le chagrin je le jure sur ceux qui vous ont conduit ici ! je suis tel un coteau de rivière emporté par un éboulement que les eaux entraîneraient vers l’amont... Moh Cherbi et Arezki Khouas |
#2
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Fossoyeur
(Win iqazen iẓekwa) Fossoyeur, contre mon gré, je souffre, j'ai une chose à te demander, allons en un lieu, inconnu de tous, sauf de ceux qu'une peine éprouve, beaucoup l'ont cherché, sans le trouver à ce jour, mais moi, je sais où il se trouve, la lumière nous inonde, allons, hâte-toi, ouvre-moi la tombe, mon destin s'appelle "à quoi bon !" cherche où on l'a enseveli, son nom est inscrit sur la dalle, de grâce, déterrons-le et voyons s'il est consumé ou pas encore pourri... Fossoyeur, allons déterrer mon destin perdu sans laisser de traces, je sais l'endroit où il est enseveli... C'est un souvenir d'enfance, je n'oublierai jamais ce jour, où on l'a emporté sans linceul, par delà le col, sans les prières de marabouts, sans les larmes des vivants, c'était mon destin disparu, enterré tout jeune, pauvre de lui... fossoyeur, allons déterrer mon destin perdu sans laisser de traces, je sais l'endroit où il est enseveli... Au cimetière, parmi les tombes, un jour en apparaîtra la trace, je m'y rendais à tout moment, pour passer les heures chaudes près de lui, les passants disaient : "pauvre de lui ! Son destin est mort que lui reste-t-il maintenant ? qu'a-t-il comme viatique ?" fossoyeur, allons déterrer mon destin perdu sans laisser de traces, je sais l'endroit où il est enseveli... Mais peut-être reste-t-il encore quelque vie en lui ? si j'enlève la terre qui le couvre, peut-être ses yeux verront-ils le soleil ? qui sait ce que les jours ont fait de lui ? s'ils ont laissé battre son coeur ? si je trouve ses os réduits en poussière, enterrez-moi à sa place... fossoyeur, allons déterrer mon destin perdu sans laisser de traces, je sais l'endroit où il est enseveli... T. Yacine |
#3
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A tort tu m’as condamné
(Ṣeḍlemḍ-iyi) A tort tu m’as condamné Et même si j’ai eu tort, ce fut involontaire. Pardonne-moi, comme je t’ai pardonné, Oh ! toi qui m’es si chère, Notre amour cautérisé, Dans l’âtre s’est brûlé. Enfoui, de bois recouvert, Pour que nul ne l’éteigne. Une fumée dans le ciel s’élèvera, Et les nuages atteindra. Son feu laissera des cendres, Que le vent emportera. Emportés par le vent, ces cendres Devant ta maison seront semées. Des roses fleuriront, Images de ta beauté. Moi, en nuage me transformerai, Du ciel, te saluerai. L’herbe sera ta couche, Et le ciel ta couverture. Un arc-en-ciel se dessinera, A la rose prêtera sa fouta. Du tonnerre jaillira la lumière, Qui révélera sa beauté. La pluie source de vie, Lui enverrai. Oh ! toi qui de fleurs es ceinte, Je serai ton ange gardien. Voilà que l’été s’annonce, Inéluctable notre fin. Moi, du ciel il m’effacera, Et tes feuilles flétrira. Je demande ton pardon, Avec raison accorde-le. Méprise que mon amour, Comme le souffle du vent, A peine levé s’en est allé. M. Cherbi et A. Khouas |
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